Alors que les médecins étaient perçus comme tout-puissants et capables de traiter, ou au moins de comprendre, toute maladie, alors que la souffrance et la mort étaient devenues taboues, la crise sanitaire du Covid-19 a bouleversé tous nos repères. Nous partirons du vécu d’un service de réanimation pédiatrique, qui a dû se transformer en réanimation adulte, pour aborder l’impact psychologique de cette crise. Dans un premier temps, nous explorerons les enjeux de l’omniprésence de la mort et les bouleversements intimes et existentiels qu’elle a provoqués. Dans un second temps, nous envisagerons ce qui peut être mis en place sur le plan individuel, familial ou amical, pour aider les soignants à prendre soin des autres sans s’épuiser.
Dès la mi-mars, le service s’organise. Les parents des enfants tétraplégiques, gastrostomisés, trachéotomisés sont formés à tous les soins : aspirer, changer une canule, faire un massage cardiaque… Tous les patients qui le peuvent sont renvoyés chez eux. Les consultations, les hôpitaux de jour, tout ferme.
Tous les soignants sont là, mais le service est vide. Nous n’avons jamais vu autant de soignants inoccupés ! La peur est là, tangible. Ce sont des soignants de l’extrême. La fatigue, le don de soi, le stress, ils connaissent ! Mais là, ils ont peur.
En tant que psychologue, je l’accueille. Certains viennent me raconter des souvenirs de maltraitance, d’attentat, de traumatismes… Les rires se font plus forts, plus faux aussi. Ils ne peuvent pas anticiper, se préparer. Ils se demandent s’ils vont mettre leurs vies ou celles de leurs proches en péril. Se mettre en danger, cela leur est arrivé, mais jamais ils n’ont eu la sensation que leur métier risquait de porter préjudice à ceux qu’ils aiment. Dans quelques heures, certains décideront de ne pas rentrer chez eux pour protéger leurs proches. La peur est une émotion instinctive, presque bestiale, qui date de l’époque où nous avions besoin de « sentir » les bêtes sauvages arriver. C’est grâce à elle que nous sommes encore en vie.
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