Retour à l'accueil | Sommaire

La revue Laennec
N°3/2020
Edito : Fragilités, agilités et béances
Toujours sonnés par l’incroyable crise sanitaire dont nous sortons, encore incertains, nous avons souhaité donner à ce numéro de Laennec, construit dans des conditions particulières, une tonalité résolument constructive, et participer, à notre manière, à l’ébauche du « monde d’après ». Bruno Saintôt (Centre Sèvres) alerte sur le nécessaire tournant d’une conscience politique de la place du soin, esquisse une éthique pour une telle politique et propose deux lieux d’analyse en vue de cette conversion. A l’heure où les soignants, peut-être abusivement sacrés « héros », sont au coeur des préoccupations de la nation, depuis les négociations du « Ségur de la santé » jusqu’au 14 juillet, il devient essentiel de réfléchir à un modèle organisationnel possible pour améliorer leur qualité de vie au travail, la qualité des soins et la prise de décision. Philippe Colombat, professeur en hématologie au CHU de Tours – AFSOS, Antonia Altmeyer, psychologue au service d’oncologie de l’hôpital Nord-Franche-Comté – AFSOS et Chantal Bauchetet, cadre de santé, responsable des groupes régionaux AFSOS, nous y invitent, par une approche éthique stimulante et éprouvée : le management participatif. De très nombreux jeunes, étudiants, internes, médecins et soignants, ont vécu, à travers cette crise inédite, une épreuve initiatique. Alors que le président de la République déclarait un état de guerre au virus, et qu’on a vu un hôpital militaire se déployer sur un parking, un jeune médecin militaire, Gaëtan de Veyrinas, est parti pour nous à la recherche des racines de sa double vocation : médecin et militaire. Et puis, grâce au Centre Laënnec Marseille, quelques réflexions sur l’indispensable humanisation de la fin de vie apparaissent précieuses, alors que le drame des deuils escamotés n’en finit pas de hanter beaucoup d’entre nous, tant parmi les familles que parmi les professionnels, frustrés de
l’attention qu’ils n’ont pu recevoir, ou donner. Ce ne sont que quelques balises pour éclairer le paysage éthique, social, économique et politique dévasté que laisse
le virus derrière lui. Certes, les institutions médicales, qu’on imaginait percluses de divers rhumatismes, ont manifesté d’étonnantes agilités. Grâces leur en soient rendues ! Mais
chacun sait que ces agilités ont dû être mobilisées pour pallier des fragilités et des contradictions structurelles diagnostiquées de longue date. La grande marée basse que nous avons dû traverser a fait émerger sous nos yeux, trop souvent incrédules, des béances hier encore invisibles, sauf aux yeux des connaisseurs conscients. Parmi ces angles morts, les relégations, à divers titres, des personnes en fin de vie. L’effacement public de la mort, privatisée à mesure qu’elle s’effaçait de notre mémoire quotidienne. On la croyait, à tort, vaincue par ce qu’on appelait hier le « progrès ». Et puis, la faucheuse a repris sa sinistre moisson, comme aux temps des « danses macabres ».
Les experts médicaux et scientifiques, proclamés sans doute trop rapidement ultimes arbitres de choix politiques qui n’étaient pas de leur ressort, se sont vus alternativement
portés aux nues, puis oubliés, tant leurs contradictions, pourtant à leurs yeux ordinaires, ont laissé libre cours à des choix qui étaient avant tout politiques, voire administratifs.
Notre peuple s’est à nouveau fracturé, partagé entre des héros, solidaires et créatifs, et des délateurs, apeurés et confinés en tout. Entre d’éternels créanciers, attendant tout
d’un Etat tutélaire, et de nouveaux débiteurs, prêts à donner tant… Ainsi va notre Histoire. Bientôt, la marée montante aura effacé les traces de nos récentes controverses,
pourtant si vives, sur les retraites et la solidarité entre les générations, ou encore sur l’évolution des lois portant sur la bioéthique. Batailles balayées…
De tout cela, et de bien d’autres choses encore, il sera question, le samedi 28 novembre 2020, au cours d’un colloque organisé conjointement à Paris par le Centre Sèvres (département d’éthique biomédicale) et votre revue « Laennec ».
Nous serons très heureux de vous y retrouver.
l’attention qu’ils n’ont pu recevoir, ou donner. Ce ne sont que quelques balises pour éclairer le paysage éthique, social, économique et politique dévasté que laisse
le virus derrière lui. Certes, les institutions médicales, qu’on imaginait percluses de divers rhumatismes, ont manifesté d’étonnantes agilités. Grâces leur en soient rendues ! Mais
chacun sait que ces agilités ont dû être mobilisées pour pallier des fragilités et des contradictions structurelles diagnostiquées de longue date. La grande marée basse que nous avons dû traverser a fait émerger sous nos yeux, trop souvent incrédules, des béances hier encore invisibles, sauf aux yeux des connaisseurs conscients. Parmi ces angles morts, les relégations, à divers titres, des personnes en fin de vie. L’effacement public de la mort, privatisée à mesure qu’elle s’effaçait de notre mémoire quotidienne. On la croyait, à tort, vaincue par ce qu’on appelait hier le « progrès ». Et puis, la faucheuse a repris sa sinistre moisson, comme aux temps des « danses macabres ».
Les experts médicaux et scientifiques, proclamés sans doute trop rapidement ultimes arbitres de choix politiques qui n’étaient pas de leur ressort, se sont vus alternativement
portés aux nues, puis oubliés, tant leurs contradictions, pourtant à leurs yeux ordinaires, ont laissé libre cours à des choix qui étaient avant tout politiques, voire administratifs.
Notre peuple s’est à nouveau fracturé, partagé entre des héros, solidaires et créatifs, et des délateurs, apeurés et confinés en tout. Entre d’éternels créanciers, attendant tout
d’un Etat tutélaire, et de nouveaux débiteurs, prêts à donner tant… Ainsi va notre Histoire. Bientôt, la marée montante aura effacé les traces de nos récentes controverses,
pourtant si vives, sur les retraites et la solidarité entre les générations, ou encore sur l’évolution des lois portant sur la bioéthique. Batailles balayées…
De tout cela, et de bien d’autres choses encore, il sera question, le samedi 28 novembre 2020, au cours d’un colloque organisé conjointement à Paris par le Centre Sèvres (département d’éthique biomédicale) et votre revue « Laennec ».
Nous serons très heureux de vous y retrouver.
Mounier Frédéric, rédacteur en chef
-
Éthique et politique du soin : quel tournant à l’occasion de la pandémie ?
Bruno Saintôt
-
Spécial Covid-19 | Analyse
Mots clés : burn-out, crise sanitaire, Démarche participative, Qualité de vie au travail,
Après la crise du Covid : vers la démarche participative d’équipe
Antonia Altmeyer, Chantal Bauchetet, Philippe Colombat
-
Formation | Document
Peut-on humaniser la fin de vie ?
Pierre Clermidy
-
Rôle de la confiance, de la croyance et du sacré dans le soin de la trachéotomie de l’enfant
Thierry Briac, Caroline Rebichon, François Simon
-
Médecin militaire : un métier à la croisée de deux univers
Gaëtan de Veyrinas

S'inscrire à la newsletter


La boutique


Le prochain colloque
-
samedi 10 décembre 2016 de 9h30 à 12h30 et de 14h à 17h30, au Centre Sèvres, 35 bis rue de Sèvres – 75006 Paris. Entrée libre
Relation de soin, sédation et directives anticipées après la loi Leonetti-Claeys – Questions pratiques et éthiques


Formations
-
le samedi 15 octobre, de 9h30 à 12h30 et de 14h à 17h au Centre Sèvres, 35bis rue de Sèvres – Paris
Initiation à la problématique du « genre » (Genre I)
-
samedi 13 février 2016 de 14h à 18h au Centre Sèvres, 35 bis rue de Sèvres – 75006 Paris. Entrée libre
Département Ethique biomédicale du Centre Sèvres - Colloque : Les maladies rares : un défi de santé et de société
-
Journée sur les fondamentaux de l’éthique – jeudi 10 novembre 2016, de 9h30 à 17h00 - Date limite d'inscription : jeudi 20 octobre 2016
Centre Interdisciplinaire d’Éthique de Lyon - Éthique de la santé, principes et fondements
-
Programme 2016-2017
Département d'Ethique biomédicale du Centre Sèvres - Facultés Jésuites de Paris
